Publié par : treujou | 2 juin 2009

Visite de Quimper

– 01 – L’histoire médiévale de Quimper :

 


Au sortir du Moyen-Age, la ville est, par le nombre d’habitants, au quatrième rang des villes bretonnes, derrière Rennes, Nantes et Dinan.

Malgré les atteintes répétées de la peste, du typhus et de la dysenterie, souvent amenées par les équipages des navires accostant au port de Brest, la population s’accroit jusqu’à atteindre 9054 personnes à la fin du XVIIe siècle, ce qui constitue un maximum pour la période d’Ancien Régime.

Les classes populaires offrent, en période de pénurie, un terrain favorable aux épidémies. 75 à 80% des Quimpérois sont concernés : domestiques, gens des métiers de bouche ou petits artisans …. A Quimper, comme pour l’ensemble de la Bretagne, l’ampleur des crises démographiques n’atteint pas les dimensions observées dans le reste du royaume. Les exclus sans ressources, peu nombreux : invalides, orphelins, enfants trouvés … sont recueillis dans les hôpitaux Saint Antoine et Sainte Catherine.

Hormis l’existence de quelques orfèvres de talent ou « de tailleurs d’images », l’artisanat n’offre guère de particularité notable. Les tailleurs, cordonniers, selliers … réunis dans les corporations se côtoient place Toul-al-Laer ( laer = cuir ), rue des Etaux, rue des Fèvres ( orfèvres ) ou Place au Beurre. Ils voisinent avec les bourgeois. Accéder à ce statut quand on est fils de boutiquier n’est pas impossible. Les réussites, celle de Elie Fréron, dont le père est orfèvre, devenu écrivain de renom ou celle de René Madec, issu d’une famille de petits bouchers, accédant au titre de « nabab » des Indes, au XVIIIe siècle pour les deux, restent cependant des exceptions.

Si elle s’atténue, du fait du rattachement de la Bretagne à la France en 1532, la dualité des pouvoirs, écclésiastique en la ville close, ducale au-delà et surtout vers l’ouest de la ville, perdure quelque peu.

Désormais le roi-duc est représenté en sa province par un gouverneur. Les ducs, fussent-ils de la maison de Cornouaille, n’ayant guère résidé au « Petit château », ce qui change tient aux effets locaux de la politique, intérieure et extérieure, du royaume.

Peu touchée au départ par les guerres de religion, la province est secouée par un épisode qui s’y rattache. Le duc de Mercoeur, désireux de profiter de la guerre civile pour se tailler une principauté en Bretagne, se range, contre le roi, dans le camp des ligueurs. Quimper est de ce parti. Le chanoine Jehan Moreau, témoin et acteur de la lutte dresse dans ses mémoires un saisissant tableau de cette époque troublée. Sièges, coups de mains, révoltes paysannes se succèdent. La ville résiste mais, en 1594, elle doit se rendre au marquis d’Aumont, commandant en chef en Bretagne. Les malheurs de la ville durent : la peste sévit, le logement imposé des gens de guerre est une charge très lourde, le tristement célèbre brigand Guy Eder de la Fontenelle échoue à deux reprises dans ses tentatives pour investir la ville close, il saccage les faubourgs.

Au terme de ces années noires, le rempart est endommagé, les hôpitaux détruits, le palais épiscopal partiellement incendié, la terre-au-duc dévastée. Le coût de la reconstruction sera élevé.

On restaure le mur de ville, mais son utilité militaire a disparu et les Quimpérois en négligent l’entretien. La muraille s’effondre à hauteur de l’évêché et aux abords de la porte Médard. Au XVIIIe siècle on démolit la plupart des portes fortifiées. Maisons et jardins des bourgeois s’appuient au rempart et débordent sur le mur en parfaite illégalité.

L’ingénieur André, chargé en 1764 d’étudier un plan d’aménagement urbain, ne peut que constater le pitoyable état de l’enceinte.

Par lettres patentes de Louis XIII, en date de 1621, les Jésuites sont autorisés à fonder un collège à Quimper. Leur empreinte sur les mentalités, notamment celle des élites, est forte jusqu’à la dissolution de l’ordre en 1762. En deçà du rempart nord, sur l’emplacement des jardins du chapitre, la construction du collège, sur les plans du père Guernisac, se poursuit jusqu’à 1656. Les plans de la chapelle sont dus au frère Turmel disciple de Martellange. Ils s’inspirent de l’église romaine du Gesú. Son achèvement requiert 82 années de travaux intermittents (1666-1748) !

 

 

Autre domaine important de l’œuvre des Jésuites de Quimper: les missions et retraites. Michel le Nobletz, prêtre séculier avait entrepris la réévangélisation des villes et campagnes où la pratique religieuse était en régression. Pour s’adresser aux fidèles , majoritairement illettrés, il imagine des « tableaux de mission » ( taollenou) images expressives et symboliques qu’il assortit d’un commentaire. Le jésuite Julien Maunoir, son disciple, continue, développe et perfectionne la méthode. L’usage des « taolennou » se prolongera en certains lieux du Trégor, du Léon ou de la Cornouaille jusqu’au début du XXe siècle.

Conséquence et cause à la fois de la réforme catholique, la multiplication des ordres religieux se traduit par une véritable fièvre de construction sur les vastes espaces demeurés libres à l’ouest de la terre-au-duc. Sur 45 ha, six enclos s’organisent autour des couvents des Capucins, des Ursulines ( future médiathèque), des Cordelières, des Dames de la Retraite ( actuels services départementaux de gendarmerie) et des Calvairiennes. Ils ( ou elles ) ont vocation missionnaire ou d’enseignement. Chez les Ursulines les jeunes bourgeoises, près des Cordelières de Kerlot les filles nobles recoivent quelques rudiments de culture générale.

Le souci de renouveau post-tridentin se communique aux Bénédictines de Locmaria. L’abside romane cède la place à un vaste chœur, les bâtiments conventuels sont reconstruits vers 1650 pour une aile, vers 1750 pour l’autre.

Si, à la « banlieue des cloîtres » on ajoute le Séminaire de Creach’ Euzen, le collège jésuite, l’antique couvent des Cordeliers, les demeures épiscopales, les maisons prébendales des chanoines et les hôpitaux, on mesure l’importance de l’emprise foncière et immobilière du clergé sur la ville.

Durant les trois siècles de l’Histoire dite moderne on assiste à des glissements significatifs dans la répartition des pouvoirs dans la cité. Ils favorisent l’émergence d’une oligarchie de petite noblesse et de bourgeoisie moyenne.

Initialement très dépendante de l’évêque, la Communauté de ville s’affranchit de sa tutelle et « tient chambre » à l’étage de la chapelle du Guéodet. La ville était déjà siège d’une sénéchaussée, devenue siège d’un présidial, son rayonnement s’accroit et de nouveaux offices alimentent le monde de la basoche.

Qu’ils soient civils ou judiciaires, les pouvoirs se concentrent entre les mains des membres de quelques familles : les de la Motte, Moean, du Liscoët , le Prestre de Lézonnet…

Avec les détenteurs d’offices royaux, les marchands constituent l’élite de la cité. L’activité économique est réduite et le trafic du port peu important. Malgré tout une classe de marchands parvient à une très honnête aisance. La plus belle ascension de l’époque est peut-être celle des membres de la famille Bousquet. Elle entraine la transformation et l’exemplaire développement de la paroisse de Locmaria. La ville est, grâce à eux, dotée de sa plus emblématique fabrique qui, trois siècles plus tard reste un de ses plus beaux fleurons : la faïencerie. Quand Jean Baptiste Bousquet arrive de sa Provence natale, il est simple potier modestement installé en lisière du Prieuré des Bénédictines . Quand décède – en 1749 -son fils et successeur Pierre, la fabrique existe et prospère, son successeur Pierre Clément Caussy développe encore l’entreprise, il emploie 80 ouvriers et jouit d’un important patrimoine foncier et immobilier.

Le XVIIIe siècle ne s’achève pas sans nouveautés dans ce domaine puisque, toujours à Locmaria, François Eloury fonde une deuxième faïencerie en 1772 et Guillaume Dumaine une troisième en 1791.

Tous relatifs soient-ils, le développement économique et la croissance démographique requièrent logements nouveaux et aménagements urbains.

Commerçants, officiers de justice ou chanoines se font construire des demeures, à la manière traditionnelle, à encorbellements, en pans de bois et torchis sur soubassement de pierre ou, parfois, et de plus en plus souvent au fil du temps, en pierre de taille, pour les notables les plus fortunés.

L’attrait de la ville se mesure au nombre des hôtels particuliers que font édifier les Furic du Run, Alleno de Saint-Alouarn, de Ploeuc, du Haffond … qui possédent un domaine seigneurial respectivement à Keranmaner en Kerfeunteun, Guengat, Guilguiffin en Landudec et Lestriagat en Tréffiagat…

Le rayonnement sur les campagnes environnantes s’accentue encore grâce à l’acquisition de domaines ruraux par les bourgeois. Sur les terres achetées ils bâtissent des maisons de plaisance : Cresmarc’h, la Palue, Prat-Maria, La Tourelle … qui dessinent autour de la ville une couronne de manoirs.

La terre-au-duc un temps dévastée par les guerres et le brigandage se repeuple. Le faubourg Saint-Mathieu s’étoffe. A l’opposé, le secteur de la rue des Réguaires s’allonge. La construction de deux nouveaux ponts améliore les conditions de circulation, les quais du port sont prolongés vers l’aval, ce qui incite un certain nombre de négociants à faire construire des demeures cossues en bordure de la chaussée qui longe la rivière.

Une autre partie de la richesse est concentrée dans les rues Kéréon, des Gentilhommes et Saint-François où résident gens d’épée et de robe ainsi que les commerçants les plus importants.

Mais la ville a hérité du Moyen-Age une organisation anarchique. Il y règne une grande insalubrité. Des améliorations sont nécessaires : comblement des zones humides et plantations ( le Champ de Viarmes, actuelle Place de la Résistance – le Parc Costy, devenu rue du Parc ). On reporte hors de la ville close le marché aux bestiaux : un régiment suisse remblaie l’espace qui jouxte le rempart nord pour l’accueillir dans de meilleures conditions.

L’Ancien Régime ignorant le principe d’expropriation seules les catastrophes
permettaient des transformations de quelqu’ampleur. Dans la nuit du 17 au 18 juin 1762 le feu prend dans une boutique de la rue Kéréon contenant sucreries, soufre, résine, huile, cire et autres matériaux tout aussi inflammables. La plupart des maisons de ce quartier sont en bois, le temps est chaud et sec, le feu s’étend. Douze jours plus tard le feu n’est pas entièrement éteint, neuf maisons sont détruites, six autres sont endommagées.

Deux années plus tard l’ingénieur André est chargé d’établir un premier plan d’urbanisme et d’alignement des rues étroites et insalubres. Seul le tracé de la rue Kéréon sera rectifié, on y construit des maisons dotées de façades de pierre.

A la veille de la Révolution la vie intéllectuelle porte fortement la marque des Jésuites. La pénétration de l’esprit des Lumières s’en trouve freinée. L’élite intéllectuelle reste très restreinte. La culture est l’apanage des membres masculins de trente à quarante familles. Quant à la gent féminine, elle n’en reçoit que des rudiments, si Anne Marie Audouyn-de Pompery, la « Sévigné bretonne » manifeste du goût pour la musique et les lettres, elle le doit beaucoup aux compléments que son père apporte à l’enseignement des religieuses de Kerlot. Rares sont ceux qui étendent le champ de leurs connaissances en dehors du domaine, théologique, juridique, médical … qui est celui de leur pratique professionnelle. Jean-Hervé de Silguy, le chanoine de Boisbilly, esprits curieux et libres aux lectures éclectiques font figure d’exceptions. D’une façon générale les sentiments catholiques restent très ancrés et la plupart des familles de notables fournissent à l’Eglise prêtres et religieuses. Il arrive que ce soit dans les mêmes familles que se recrutent les membres des deux loges maçonniques « l’Heureuse Maçonne » et « La Parfaite Union » ainsi que les adhérents de la « Chambre de Lecture », annexe de la seconde. Le mouvement physiocrate fait des adeptes. Ses membres adhèrent à la Société d’Agriculture et des Arts en Bretagne.

 

 

Quimper aujourd’hui en quelques mots :

 

– 03 – L’Odet :

L’Odet prend sa source à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Quimper, aux confins des départements du Finistère et du Morbihan, au coeur des Montagnes Noires, près de LEUHAN où Pierre est natif. La rivière serpente nonchalament les pâturages et sous-bois de la campagne cornouaillaise jusqu’aux environs du site du stangala, où son cours devient plus fougueux et tourne brusquement de quatre vingt dix degrés pour s’élancer, plein sud, vers la ville de Quimper.

Juste avant son entrée dans Quimper, l’Odet est rejoint par un de ses affluents majeurs, le jet, qui lui apporte ses eaux de la région de Rosporden, à l’est. Au confluent de ces deux rivières, l’Odet fait un nouveau caprice et son cours subit un second virage de quatre vingt dix degrés, vers l’ouest cette fois. L’Odet est en fait capturé par une étroite vallée d’orientation ouest-nord-ouest/est-sud-est que l’on suit sur plusieurs dizaines de kilomètres depuis Rosporden à l’est jusqu’à la Baie des Trépassés à l’ouest. Cette vallée correspond à l’expression topographique d’une faille géologique majeure qui traverse le Massif Armoricain depuis la région de Nantes, passe par les environs de Vannes, au travers de la ville de Quimper, au milieu de la Baie des Trépassés (Cap Sizun) et termine son tracé en mer, à l’est de l’île de Sein.

Le long de son parcours au travers de la ville de Quimper, l’Odet reçoit deux affluents importants: le frout (dont l’existence est signalée par la rue du Frout) et le steir. C’est le confluent de ce dernier avec l’Odet qui doit à la ville son nom de « Kemper », du breton « confluent », francisé en « Quimper ».

Les premiers habitants Gaulois du site de Quimper avaient établi la ville sur la rive gauche de l’Odet, à l’emplacement de l’actuel quartier de Locmaria. La cité s’appelait alors Civitas Aquilonia, la cité de l’Aigle. Mais c’est au confluent du Steir et de l’Odet que la ville dont nous avons héritée fut fondée par les immigrants bretons chassés des îles britanniques par les invasions saxonnes. La présence d’une rivière charriant suffisamment d’eau était évidemment vitale au développement urbain de l’époque. De plus, l’influence des marées atlantiques se ressent jusqu’à Quimper et, aux basses eaux, le niveau de l’Odet est suffisamment bas pour être passé à gué. Le nom de la rue du Guéodet en témoigne encore de nos jours. Le niveau des hautes mers, cependant, permet aux bateaux de remonter l’Odet jusqu’au coeur de la ville. Ainsi, jusqu’au début du siècle les caboteurs chargaient et déchargaient des marchandises dans la zone du quartier de Locmaria et Quimper était ville portuaire à l’intérieur des terres! L’actuel Chemin du halage rappelle ces temps passés où des chevaux tiraient les bateaux depuis les rives de l’Odet pour les aider dans leur approche finale du port de Locmaria. Au cours de son histoire, la ville a su profiter de sa rivière et de sa situation physiographique privilégiée pour développer ses activités et devenir plaque tournante régionale de commerce et d’affaires.

Peu après son confluent avec le Steir, l’Odet s’infléchit progressivement en une large courbe qui oriente son cours vers le sud, en direction de son embouchure sur l’Atlantique. A la sortie de Quimper, l’Odet s’élargit en un vaste réservoir, la baie de Kérogan, où se trouvent le port du Corniguel (qui remplace de nos jours celui de Locmaria) et le complexe sports et loisirs de Creach Gwen.

Le reste du cours de l’Odet est extrèmement scénique et lui a valu son surnom de plus belle rivière de France. L’Odet suit les gorges des Vire cour, méandres encaissés dans une très belle vallée boisée, bordée çà et là de châteaux, manoirs et parcs. Le fameux navigateur Eric Tabarly s’est installé dans une de ces belles propriétés, en face de laquelle, il y a quelques années encore, on pouvait souvent admirer son Pen Duick au mouillage. Le circuit de l’odet est une promenade touristique réputée qui permet de découvrir cette région splendide.

Un des rochers surplombant l’Odet au débouché des Vire Court a été curieusement nommé le saut de la pucelle. La légende rapporte qu’une jeune fille, poursuivie par un brigand, préféra se jetter dans l’Odet à cet endroit plutôt que de perdre son honneur… Un autre rocher s’appelle la chaise de l’évêque car on raconte qu’un des évêques de Quimper aimait s’y rendre pour se reposer, méditer et profiter du paysage.

L’Odet finit sa course en se jettant dans l’Atlantique dans une embouchure bordée à l’ouest du port de Sainte -Marine, à l’est de la cité balnéaire de Bénodet. Le pont de Cornouaille, important ouvrage d’art enjambant l’Odet juste avant son embouchure, relie les deux communes.

– 04 – Eglise Saint Matthieu :

Désignation

Dénomination : église paroissiale

Vocable : saint Mathieu

Eléments de description

Matériau(x) du gros-oeuvre et mise en oeuvre : granite ; pierre de taille ; enduit ; ciment

Matériau(x) de couverture : ardoise

Parti de plan : plan en croix latine

Vaisseau et étage : 5 vaisseaux

Type et nature du couvrement : voûte d’ogives

Parti d’élévation extérieur : élévation à travées

Type de la couverture : toit à longs pans ; pignon découvert ; croupe ; noue ; flèche polygonale ; flèche en maçonnerie

Commentaire descriptif : Plan en croix latine à cinq vaisseaux. Chevet à pans coupés. Clocher semi-hors-oeuvre avec chambre de cloches amortie d´une flèche octogonale ajourée ornée de crochets et encadrée à sa base par quatre lanternons et quatre frontons ajourés. Gros oeuvre en pierre de taille de granite. Nef à cinq travées couverte d´une voûte à croisées d´ogives éclairée par des fenêtres hautes. Arcades en arc brisé pénétrant directement dans les colonnes à colonnettes engagées. Choeur profond à deux travées flanqué de deux chapelles latérales ouvrant sur le transept. Massif occidentale portant tribune et orgue. Sol couvert de dalles de granite.

Etat de conservation : bon état

Eléments d’historique

Datation(s) principale(s) : 2e quart 19e siècle ; 4e quart 19e siècle

Datation(s) en années : 1845 ; 1895 ; 1897

Auteur(s) de l’oeuvre : Bigot Joseph (architecte diocésain) ; Le Cadre Victor (entrepreneur) ; Bigot Gustave (architecte) ; Hardi (entrepreneur)

Justification de la (des) attribution(s) : attribué par source

Commentaire historique : Remplace un édifice des 15e et 16e siècles. Tour et flèche construites en 1845 d´après les plans de l´architecte diocésain Joseph Bigot, par l´entrepreneur Victor Le Cadre. Nef, transept et choeur bâti entre 1895 et 1897 d´après les plans de l´architecte Gustave Bigot, par l´entrepreneur Hardi.

– 05 – Place Terre aux Ducs :

 

A Quimper, sous l’Ancien Régime, trois pouvoirs séculiers inégaux, souvent en conflit, cohabitent sur un même territoire. Si l’évêque se considère comme le maître de la cité intra-muros, le duc, héritier des anciens comtes de Cornouaille lui oppose le droit du prince à la garde des fortifications et possède hors les murs de la ville son fief :

la Terre-au-duc dont le nom a subsisté jusqu’à nos jours dans la place du même nom.


La Terre-au-duc représente alors un espace bien plus vaste que la place actuelle puisque la paroisse Saint-Mathieu, depuis le pont Médard, les quais du port au vin jusqu’à et de fait le port de Quimper sur l’Odet relevait de ce fief ducal de la Terre-au-duc. L’ensemble occupe une superficie de quelques 94 hectares.

A partir de 1532, date de l’Union de la Bretagne à la France la Terre-au-duc entre dans la mouvance royale.

Au XVIe siècle, les poteaux de justice (potences) érigés dans la Terre-au-duc sont déplacés en haut du Mont-Frugy d’où ils domineront sinistrement la ville jusqu’à la Révolution.
Les Halles sont détruites lors des guerres de la Ligue en 1594. La ville devra attendre l’année 1845 et la construction des halles Saint-François pour disposer d’un marché couvert.
Le jeu de paume (ancêtre du tennis) cède, dès 1620, sa place pour permettre l’ouverture du couvent des Ursulines (actuelle médiathèque) pour un autre emplacement également situé Terre-au-duc.

Quant à la place elle-même, elle a finalement peu changé malgré les siècles écoulés.

Le voyageur Dubuisson-Aubenay décrit ainsi la place en 1636 dans son itinéraire de Bretagne : « Ce faubourg est grand et fort beau, ayant son entrée, proche la porte de la ville, dite porte Médard, une place assez grandette, bâtie de petites maisons ornées de quelques peinturages de même parure et de fort bonne grâce. Il y a un fort jeu de paume un peu plus avant et le quai et port des vaisseaux sert de grand ornement ».

Bordée par le Steïr, la place a eu à plusieurs reprises à souffrir des crues exceptionnelles de la rivière.

es façades des maisons à pan de bois ont retrouvé à la fin du 20ème siècle leurs couleurs oubliées par le temps. Plusieurs maisons des 17ème et 18ème siècles ornent encore aujourd’hui cette place. Après 1750, la construction des maisons en bois, trop sujette au risque d’incendie est abandonnée. Des maisons en pierre sont désormais élevées à son pourtour.

– 06 – Rue des gentilshommes :Rue calme en marge du centre commerçant. On y trouve de riches hôtels particuliers du XVIIème et XVIIIène siècle, demeures urbaines à façade sur rue sans jardin. Noblesse et bourgeoisie de robe, également propriétaire de manoirs aux alentours de Quimper, y séjournait une partie de l’année.

On dit qu’au XVIIème siècle la noblesse s’endettait pour faire bonne figure à Versailles et que les gentilshommes ainsi endettés chez les commerçants de la rue Kéréon n’osaient plus s’y montrer et empruntaient alors sa parallèle … la rue des Gentilshommes !

 

– 07 – Place aux beurres : 

 

C’était originellement la « place aux Ruches », on y vendait un miel réputé. Elle est devenue ensuite « place au Beurre de Pot », beurre salé vendu dans des pots de grès à anses applés « poudiers », fabriqués dans le quartier de Locmaria.

Ce quartier modeste se transforme lors de la construction du collège des Jésuites. Libraires, relieurs, imprimeurs s’y installent. C’est maintenant un quartier populaire très animé, de nombreux bâtiments ont été récemment restaurés et plusieurs commerces liés au tourisme s’y sont installés. L’ambiance est très colorée durant les mois d’été.

– 08 – La rue Kéréon :

 

 

En 1672, le voyageur Jouvin de Rochefort decrivait deja la rue Kereon comme la plus belle de Quimper-Corentin. Jouvin de Rochefort ne connaissait pas le breton et il crut comprendre qu’il s’agissait de la rue des Crayons…

 

Le mot « kereon » est en fait le pluriel de « kere », qui signifie cordonnier.

 

La rue a ete remodelee apres le grand incendie de 1762, mais on y trouve encore des maisons a pans de bois non alignees qui ont echappe a la destruction. Au numero 9, on trouve un decor denticule sous la corniche de la maison et 3 personnages scuples dans les poteaux; il s’agit de l’un des rares decors en polychrome de Quimper.

 

Le numero 14, a l’angle de la rue des Boucheries, est une maison datant de 1552 dont la facade est un monument classe. On peut y remarquer les doubles fenetres s’ouvrant vers l’exterieur et l’interieur pour se proteger du vent et de la pluie tout en captant le maximum de lumiere.

 

A l’angle de la rue Kereon et de la rue Saint Francois se trouve une maison du XVIIIeme siecle: un long mur de moellons de granite dont les joints en sable et chaux viennent d’etre refaits. Ce mur soutient un pignon a pans de bois tres sobre sans encorbellement.

– 09 – La Cathédrale :

En 1239, l’évêque de Quimper décide de reconstruire le choeur roman de son église. Il faut bien vivre avec son temps et l’élégant style gothique fait fureur, notamment en Île-de-France.
C’est une nouvelle cathédrale qui naîtra alors, mais sa construction sera pour le moins laborieuse…
Il faudra près de deux cent ans pour terminer le choeur (en 1410), tandis que la nef sera achevée à la fin du XVe siècle. Il existe une asymétrie très marquée dans leur alignement, dont la raison reste sujet à plusieurs interprétations.
Les tours jumelles de la façade sont caractéristiques de la Basse-Bretagne, influencées par le style anglais. Elles ne seront totalement terminées qu’au XIXe siècle.
La cathédrale fut rénovée récemment, retrouvant ainsi ses couleurs et son éclat.

La cathédrale Saint-Corentin de Quimper est la plus vaste de la Basse-Bretagne. Ses dimensions intérieures représentent plus de 90 mètres de longueur et une hauteur sous voûtes de 20 mètres…

Plusieurs explications ont été données sur l’importante déviation (plus de trois mètres) entre l’axe de la nef et celle du choeur. Pour les uns, elle rappele l’inclinaison de la tête du Christ sur la croix, pour les autres elle fut nécessaire en raison de la nature du terrain…


Il était l’un des sept saints fondateurs de Bretagne, et le premier évêque de Quimper (au IVe siècle). Selon la légende, il se nourrissait d’un unique poisson aux propriétés bien pratiques, puisque l’animal se reconstituait chaque fois que le Saint en coupait un bout pour se sustenter. – 10 – Le musée départementale breton :

Crée en 1846, le Musée départemental breton, installé dans l’ancien palais des évêques de Quimper, entre la cathédrale Saint Corentin et les quais de l’Odet, constitue une excellente introduction à la découverte du département.

Dans un cadre exceptionnel, le musée présente, à travers des collections sans équivalent, la richesse du patrimoine artistique et ethnographique du Finistère.

Après une évocation de la Préhistoire (colliers d’or…), les premières salles sont consacrées à la vie dans la cité gallo-romaine des Osismes (sculptures, trésors monétaires, vases et urnes, vaisselles d’argent, etc.). Les salles d’art breton ancien montrent des exemples de sculpture romane et gothique, de vitraux ainsi que des pièces rares de l’orfèvrerie régionale. Les étages supérieurs sont réservés aux arts populaires du Finistère : variété et splendeur des costumes traditionnels, mobilier et décors des objets quotidiens.

Un attrait majeur du musée est sa collection de grès et faïences de Quimper (plus de 300 pièces) regroupée dans deux salles qui illustre cette production du XVIIème jusqu’à nos jours.

Horaires
ouvert du 1er juin au 30 septembre, de 9h à 18h
ouvert du 1er octobre au 31 mai tous les jours sauf le dimanche matin, le lundi et les jours fériés, de 9h à 12h et de 14h à 17h hors saison

 

Grâce à ce poisson magique, il sauva le roi Gradlon de la faim, autre personnage légendaire de Cornouaille.

Jusqu’au XVIIIe siècle, Quimper portait le nom de Quimper-Corentin.

Au-delà de ses dimensions hors-normes, la nef surprend par sa luminosité et donne tout son sens au qualificatif de « cathédrale de lumière ». Ses vitraux datent du XVe siècle.

La restauration entreprise à la fin du XXe siècle est un modèle du genre. Les couleurs jaunes et rouges des ocres originaux ont été réutilisés, contrairement aux rénovations intérieures qui privilégiaient les teintes austères de la pierre brute. Le résultat est harmonieux et renforce l’élégance de la construction.

La majeure partie du mobilier fut endommagé ou détruit à la Révolution Française. Vous pourrez néanmoins découvrir dans la cathédrale quelques pièces intéressantes, telles la chaire (XVIIe siècle), un maître-autel du XIXe siècle, ou encore les orgues.


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Préfecture du Finistère, capitale de la Cornouaille, le rayonnement de Quimper va bien au-delà de son statut de ville moyenne (64.100 habitants). De la Cornouaille historique à la Cornouaille économique, ce vaste territorie situé au sud du Finistère se distingue par son dynamisme et son esprit d’initiative.

Culture, vie associative, loisirs, environnement… l’agglomération quimpéroise est un pôle d’activités attractif. A 15 km des côtes atlantiques, faisant face aux Amériques, Quimper est une ville résolument ouverte sur le monde.

Mariant harmonieusement tradition et modernité, Quimper aborde le troisième millénaire avec l’ambition de devenir une véritable ville européenne.

 

 

En 1066, le comte Hoël de Cornouaille accède au trône ducal de Bretagne après la mort de Conan II, décédé sans héritier direct. Quimper va bénéficier de ce nouveau contexte politique pour désormais inscrire son histoire dans celle du duché. Centre religieux et politique, place militaire, axe économique par terre et par mer, centre administratif du domaine ducal, chef lieu de baillie, la ville est néanmoins écartelée entre les pouvoirs du duc et ceux de l’évêque, dans un monde changeant, soumis aux aléas politiques et aux guerres entre la France et la Bretagne qui précèdent le rattachement du duché.

Le paysage urbain

La société Quimpéroise

Le clergé est bien entendu un élément important de cette communauté citadine. Au premier plan on trouve le clergé séculier : l’évêque et ses quinze chanoines, les curés, les chapelains et personnels auxiliaires de la cathédrale, des églises et chapelles de la ville et de ses faubourgs, sans oublier les nombreux clercs tonsurés. Dans le Quimper médiéval des ordres monastiques sont également représentés. Les moines du couvent des Cordeliers, première fondation franciscaine en Bretagne se sont établis dans une ancienne commanderie des Templiers vers 1232. L’enclos des Cordeliers possède une emprise d’un hectare qui suscite de nombreuses convoitises dans une ville où la construction civile est déjà bornée par les remparts. A l’extérieur de la cité, le prieuré conventuel de Locmaria abrite des moines et des moniales bénédictins.

La cité bien protégée par les remparts est un lieu de résidence privilégié pour la noblesse. Au XVe siècle, le siège épiscopal est d’ailleurs occupé pendant 73 ans par des évêques issus de lignées cornouaillaises. Ces familles fournissent encore nombre des officiers des finances, gens de justices et capitaines de la cité. Les Ansquer, Cabellic, Coatanezre, Gourcuff, de Guengat, Du Juch, Du Menez, De Kerguelenen, Le Sandevez, Lézongar, Penquellenec, Rosmadec, Tréanna, Tyvarlen se partagent avec d’autres lignées, les principales charges et offices du temps. Si la plupart possède un hôtel noble intra-muros de nombreux manoirs périurbains sont construits également au XVe et au XVIe siècle. Les plus anciennes de ces familles ont le privilège de porter le nouvel évêque lors de sa première entrée dans la cité. Cette noblesse de très ancienne extraction possède souvent une sépulture familiale dans la cathédrale. Les autres familles nobles prennent l’habitude d’ensevelir leurs défunts dans le cimetière du couvent Saint-François, véritable nécrologue de la noblesse cornouaillaise. Ils sont bientôt imités en cela par la grande bourgeoisie négociante.

La bourgeoisie quimpéroise est multiple. Une minorité de très riches négociants domine la vie économique locale et obtient du fait de l’émancipation municipale une forte influence dans la vie de la cité. C’est le cas des Le Baud, Marion, Le Guiriec, Fily, L’Honnoré et de quelques autres familles. Certaines parviennent à intégrer les rangs de la noblesse. L’endogamie pratiquée par ses riches négociants est forte et facilite leur ascension sociale. Ils occupent les charges de maires, sont à la tête des confréries pieuses et des corporations, prennent à ferme la recette des impôts. Les marchands étrangers à la Bretagne ne sont pas rares des Basques, des Normands s’établissent à Quimper.

Aux côtés de ces riches commerçants et négociants, existe toute une classe intermédiaire composée d’artisans et de petits commerçants : tailleurs, taverniers, barbiers, tisserands, charpentiers, parcheminiers, bouchers, etc.

Les couches populaires, peu connues mais nombreuses, fournissent la main d’œuvre des chantiers religieux, civils et militaires. Elles sont particulièrement victimes, en période de la cherté du blé, du chômage et des épidémies. Les plus pauvres reçoivent alors les maigres secours de l’aumônerie.

Au plus bas de l’échelle sociale, les lépreux sont relégués à l’extrémité de la rue Neuve, autour de la chapelle de la Madeleine. L’isolement est alors la seule prophylaxie connue.


L’économie quimpéroise

– 02 – Quimper du moyenne âge à la révolution :

Du XIVe au XVIe siècle, Quimper est un grand marché de distribution ouvert sur la mer grâce à sa situation portuaire au chœur d’un pays agricole. La ville possède des halles ducales ou cohues d’abord situées à l’angle des rues du Sel et de la Vieille-Cohue puis transférées place Terre-au-Duc. Les produits et sous-produits de l’élevage, de l’agriculture, ceux de la pêche mais encore les draps, laines, chanvre, lin, soieries ainsi que les autres productions artisanales (comme les parchemins et les peaux) trouvent ici un lieu d’échange dynamique. Port d’importation Quimper reçoit des vins, du sel mais aussi le fer et l’acier. Au XIVe siècle déjà tout un monde de commerçants et d’artisans s’active à ses affaires derrière les murs protecteurs de la ville et dans le faubourg de la Terre-au-Duc. Signe de la bonne santé de l’économie locale, dès le XIIIe siècle, des prêteurs juifs, des commerçants florentins et espagnols fréquentent la ville et parfois s’y installent en famille. Un petit nombre de commerçants quimpérois se lance dans le trafic maritime, arme des navires et engrange parfois de solides bénéfices. La fonction épiscopale de la ville attire enfin un petit nombre d’artistes : graveurs, orfèvres, peintres verriers, brodeurs, relieurs…

Vers 1450 la population quimpéroise, à l’exclusion des paroisses rurales de Locmaria et Saint-Mathieu, peut-être estimée à près de 4500 âmes, chiffre comparable aux populations de Vannes ou de Morlaix à la même époque.La ville close de Quimper-Corentin occupe au Moyen-Âge sur la rive droite de la rivière Odet une superficie d’une quinzaine d’hectares. L’Odet est une frontière. Quimper intra-muros ne compte qu’une seule paroisse érigée sous le patronage de Saint-Corentin dont le nom se confond avec celui de la ville. La paroisse est divisée à partir de 1296 en six parcelles, trois intra-muros, celles des rues Keréon, Obscure et de Mesgloaguen et trois partiellement ou totalement hors de l’enceinte, celles du Rachaer, de la Rue Neuve et de Créac’h Euzen. Elles sont chacune desservies par un curé. Locmaria et Saint Mathieu forment deux paroisses indépendantes en dehors du fief épiscopal. Lorsqu’elles furent annexées au début du XVIIe siècle, un remaniement complet eut alors lieu qui répartit le territoire urbain en sept paroisses.

Le territoire à l’intérieur des remparts n’est pas totalement urbanisé. Des champs et des vergers occupent la ville haute (de Mesgloaguen à la Tourbie) où l’on trouve les jardins du Chapitre. L’enclos des Cordeliers abrité dernière les murs du petit château ducal n’est lui aussi que partiellement bâti.

Le plan général de la ville médiévale est globalement radioconcentrique. Toutes les entrées de la ville conduisent le visiteur vers la place du Tour-du-Chastel et la cathédrale. Des XIIIe et XIVe siècles nous sont parvenus quelques noms de rues : rue Obscure ou Demer en 1219 (actuelle rue E. fréron), rue de la Vigne ou Viniou en 1240 (aujourd’hui rue des Gentilhommes), rue Kéréon (ou sutorum en 1249). Les rues des Etaux, des Boucheries, la place Maubert, la Grand-Rue sont attestées au quatorzième siècle. Les voies étroites et tortueuses sont partiellement pavées. La communication de la ville avec les faubourgs se fait par des ponts et des portes fortifiées. Les parcelles des maisons sont découpées en lanières. La façade est étroite et occupe toute l’avancée sur la rue du fait d’une pression foncière de plus en plus prégnante. Les jardins se trouvent rejetés à l’arrière des maisons. Les différentes couches sociales se retrouvent dans une même rue. Les hôtels nobles comme les maisons prébendales des chanoines sont dispersés dans la cité et cohabitent avec des ateliers et des logis modestes. Néanmoins quelques axes comme la rue Kéréon, le Tour-du-Chastel, la rue Obscure sont particulièrement prisés.

Un port qualifié en 1330 de port aux poissons s’ouvre sur l’Odet. Des chantiers navals existent hors des murs dans le secteur de Locmaria. En dehors de la cité et du faubourg de la Terre au Duc, le paysage redevient rapidement rural.


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